On boit quoi avec…un plateau de fromages ?
Boire du vin rouge avec du fromage ?
C’est très français. Et c’est tant mieux, car c’est dans nos usages, un peu comme le gigot flageolets ou les pistaches à l’apéritif. C’est un grand plaisir, ce qui est quand même le but… Pourtant, les tanins, présents dans les vins rouges, sont par nature un peu rugueux voire asséchants. C’est le « corps » du vin rouge.
Avec le lait et ses variantes, plutôt crémeux, je préfère boire du blanc. Les arômes sont plus aériens, plus souples. Le blanc laisse les papilles se concentrer sur les saveurs des fromages. Un Morbier, délicatement cendré en son centre, avec un Anjou blanc, c’est magique. Un Comté affiné 24 ou 36 mois, quelques pincées de fleurs de sel et un Chardonnay ample comme un Pouilly Fuissé ou une Côtes Châlonnaises, c’est une cascade de plaisirs. Et le Chèvre ? Sec, je l’adore avec un Sancerre, frais avec un Irouléguy, toujours blancs ! L’Époisses, bien mûre, avec un Chateauneuf du Pape, qu’on oublie souvent en blanc. Le Roquefort, qu’on dit hostile aux vins, moi je l’aime avec un Gewurztraminer sec (non liquoreux). Je trouve que l’onctuosité des arômes de roses et de litchi portent la puissance moelleuse du Roquefort. Ceci dit, c’est également très bon avec un Porto rouge vintage…
Et, encore une fois, le goût est affaire de plaisir, et donc de liberté absolue. Je ne suis pas un Taliban du vin blanc-fromage ! J’aime ouvrir un Macon rouge ou un Julienas avec l’Ossau Iraty et le Pont l’Evèque. Et d’ailleurs, avec le Camembert, je bois du Fronton, et parfois une larme de Whisky… Pensons simplement aux blancs avec le fromage, dont la palette aromatique est très vaste. De toutes façons, c’est Ponge, le grand poète qui aura toujours raison : Le vin « il suffit de l’aimer, de le boire, de le placer à l’intérieur de soi-même. Alors il parle ».
PS : Pour de bons fromages, je ne saurais que vous recommander chaudement mon ami Bernard Antony, un passionné maintes fois reconnu dans la profession…www.fromagerieantony.fr