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Les vins d’Alsace14 octobre 2014
L'oeil de Benoît - par Benoit Chavanne

vignoble alsace

Les vins d’Alsace ont une redoutable particularité : chacun les connaît en général et est à même d’en citer à la volée un ou deux. Qui n’a jamais entendu parler du Riesling ou du Gewurztraminer ? Qui n’a pas goûté au moins une fois un Vendanges Tardives ? Et qui ne serait pas capable de reconnaître la bouteille Alsacienne, reconnaissable entre toutes par son long col ? Mais peu de gens les connaissent réellement. Pire, on les cantonne trop souvent au folklore de la choucroute ou du jarret braisé. Derrière cette injustice, une raison historico-économique se profile : longtemps les vins d’Alsace sont restés des vins régionaux, bus localement, et leur richesse et diversité est restée cantonnée à la région d’origine. Et pourtant, tout dans le vignoble d’Alsace devrait concourir à en faire un vignoble de renom : son étendue, sa diversité, sa qualité et son originalité en font un des vignobles les plus intéressants au monde.

Le vignoble représente à peu près 15 000 hectares et 1,2 millions d’hectolitres produits, situé aux pieds des Vosges, de Thann au sud à Marlenheim au nord auquel s’ajoutent quelques communes plus au nord, près de la frontière allemande (région de Wissembourg). Pour des raisons historiques (Phylloxéra, 1ère et 2de Guerre Mondiale), les vins d’Alsace n’ont obtenu l’AOC qu’en 1962.

Il faut bien le reconnaître, les vins d’Alsace ont une identité forte. Et  cette identité se trouve dans les appellations elles-mêmes, puisque les vins d’Alsace sont en général commercialisés sous le nom du Cépage dont ils sont issus. Procédé fréquent chez les Anglo-saxons, l’appellation fondée sur le cépage l’est beaucoup moins en France, où l’appellation repose en général sur la région, la commune voire la cuvée (ex : St-Emilion ou St-Joseph).

Alors quels sont ces cépages ?

Le Riesling (env 20% de l’encépagement), le Gewurztraminer (env 20% de l’encépagement et relativement récent, il date du début du XXè s), le Muscat (produit en petite quantité, cépage très ancien, et difficile à produire), le Pinot Gris, appelé abusivement Tokay (réservé à la Hongrie) et produit en petite quantité. Seuls ces quatre cépages sont autorisés dans l’appellation Alsace Grand Cru et sont dits nobles.

Les autres cépages : Le Pinot blanc ou Klevner (utilisé de plus en plus et principalement dans le Crémant), le Sylvaner (20 % de l’encépagement), le Chasselas (en forte régression) et le Pinot noir, qui permet d’élaborer les seuls vins rouges et rosés autorisés en Alsace.

On le voit, l’approche des vins alsaciens semble simple. Et il est manifeste qu’ils se présentent comme des vins de Monocépage, à la différence des vins dits d’assemblage. En clair, en achetant un Alsace Riesling, le consommateur a la certitude que le vin est produit uniquement à partir du cépage Riesling . A l’inverse, un consommateur qui achète un Côtes du Rhône ne sait pas toujours que c’est un vin d’assemblage, et ignore bien souvent quels sont les cépages qui composent ce vin. Pourtant, sous cette apparente simplicité, il faut garder en tête plusieurs faits :

–  tous les vins d’Alsace ne sont pas des monocépages, et l’Edelzwicker est l’exemple d’un Alsace issu d’assemblage des cépages alsaciens, mais aucune mention de cépage ne figure sur l’étiquette

–  connaître le nom du cépage ne renseigne pas forcément sur la nature et les arômes du vin. Il importe de choisir et de gouter ces vins en étant attentif aux arômes

Les arômes des grands cépages d’Alsace :

Les 4 grands cépages (les cépages nobles) ont des comportements aromatiques typiques, liés à leur variété. C’est en reconnaissant ces typicités, qui varient d’un terroir à l’autre, d’un vigneron à l’autre, qu’on peut se faire plaisir en les buvant et en les ouvrant sur des plats qui les mettent en valeur.

Le Gewurztraminer présente souvent des arômes de fleurs, notamment de rose et de fruit exotique, comme le litchi, assez reconnaissable. En vieillissant, il gagne des notes d’abricot confit et de miel.

Le Riesling développe des arômes d’amandes fraiches, de chèvrefeuille et de citron. En viellissant, il penchera vers la figue. Certains grands riesling ont des arômes de fumée, qui peut parfois évoquer le goudron, à la manière des Gendarmes, ces saucisses alsaciennes au goût fumé très pronocé.

Le Muscat propose des arômes de raisins secs, de mélisse et de fruit de la passion, c’est un cépage qui produit des vins très subtils. Et contrairement aux autres Muscats (Muscats du Cap Corse, de Fontignan, de Lunel …) qui sont des Vins Doux Naturels (VDN) l’Alsace Muscat est un vin sec.

Avec quoi boire un vin d’Alsace ?

Une fois qu’on a une vue un peu générale sur les arômes des cépages, tout le plaisir réside en  associant une recette au vin . Je vais plus loin : le plaisir, c’est de retrouver une saveur au cours du repas qui réponde à ses envies. Ce que j’aime en cuisinant, c’est me dire : de quoi ai-je envie en ce moment précis ? Quelles saveurs ai-je envie de retrouver autour de la table, sachant que ces saveurs sont autant dans le repas que dans la bouteille… Et toute la magie d’un bon repas, c’est de décliner ces saveurs, de l’apéritif au dessert, alternativement entre les plats et le vin. Le repas autant que le vin concourent à ce plaisir.

Et pour l’information, avec un Gewutraminer, j’aime cuisiner des ravioles de crevettes à la vapeur, d’inspiration Thaï. Et je me régale.

 


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