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Vin, peinture et nature morte24 mars 2015
L'oeil de Benoît - par Benoit Chavanne

Sujet incontournable, à quelques jours de l’événement ArtParis 2015 au Grand Palais et qui prête à réfléchir sur le lien indéniable unissant art & vin. Le travail d’une matière transformable à l’infini, capable de faire passer des émotions à travers une interprétation, une appréciation propre à chacun d’entre nous. Je ne sais pas pour vous, mais l’esprit d’une œuvre de Manuel Ocampo m’a toujours semblé comparable à celui d’un grand St-Estèphe !

manuel ocampo

Manuel Ocampo Monument to the Pathetic Sublime, 2013 Huile et acrylique sur toile, 182 x 137 cm

Mais quel lien, quelle relation, quel plaisir communs établir entre vin et nature morte me direz-vous ?

Chardin, Snyders, Rembrandt, Caravage, Cézanne et tant d’autres ont illustré ce genre pictural : la vie dans la banalité de son quotidien qui prend, à travers le prisme de l’art, force et intensité. Nature morte en français, mais « Still life » en anglais, illustration du bon sens british pour définir ces oeuvres comme « instants de vie ». En cela, c’est tout l’inverse d’une nature qui serait morte. C’est bien davantage le sens du réel qui bat rageusement dans les veines de la vie au quotidien. Une nature morte, c’est la vie capturée dans un mouvement figé. Un arrêt sur image. Le spectateur ne s’y trompe guère d’ailleurs, et note les multiples détails qui traduisent une vie « en train de s’accomplir » : la présence du chat qui regarde fiévreusement l’huitre ou le poisson avant de bondir (La raie, Chardin), la peau de citron pelé (Cézanne) qui va choir d’un instant à l’autre, la goutte de sang du boeuf écorché (Rembrandt) et très souvent le verre de vin ou la bouteille (Miro).

vin et nature morte

Le verre de vin, à moitié rempli et en train d’être bu ou sur le point de l’être. Ou la carafe, ou encore la bouteille ouverte. Voilà ce que j’aime dans le vin ! La vie, la vie qui trépigne et file avec ses moments de routine, de banalité et de quotidien. Ces petits moments de tous les jours. C’est la vie aussi. Et ce n’est pas un hasard si le peintre, oeil affuté sur les subtilités de la nature humaine, choisit fréquemment le vin pour exprimer ces forces de vie. Jusque dans les Vanités, sous genre de la nature morte, où il ramène cette vie à l’infinie petitesse humaine face à l’immensité de la mort. Le vin est l’infinie grandeur de l’homme. Il est le signe de sa vie. Il est sa chair et son corps.


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