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Bon vin et Littérature : Proust nous montre la voie…28 mars 2014
L'oeil de Benoît - par Benoit Chavanne

littérature proust

 

Quelques jours après le salon du livre 2014, il semblait bien venu de mettre en lumière cette discipline si particulière qu’est l’art de la littérature. Un art à la fois créateur et révélateur, savoureux et passionné, comme aurait pu l’être un vin que Proust nous aurait conté…

Proust, de santé fragile, ne buvait que très modérément. Et pourtant, son approche de la réalité, sa mise en forme des désirs et sa jouissance voluptueuse se traduisent et s’imbriquent en termes œnologiques. Proust lit le monde ambiant comme on savoure un beau flacon. Car une bouteille contient autant de plaisir qu’on veut bien en mettre, à condition toutefois, qu’il y ait la matière. La rêverie créatrice de charmes ne naît pas d’un breuvage désagréable. Et le goût chez Proust, c’est à dire les sens alliés à la gastronomie, devient cette antichambre où il recrée un monde de délices. Comme si Proust buvait le monde pour en saisir les arômes, en croquer la chair et en goûter toute la saveur. « Si vous l’aviez vu pendant que vous parliez, il vous buvait. Et demain il nous récitera tout ce que vous avez dit sans manger un mot » déclare Madame Verdurin (Du côté de chez Swann). Car boire et manger, nous dit Proust, ce n’est pas seulement déglutir. C’est vivre, goûter et croquer le monde des sensations. Proust renverse Rabelais et le prolonge. Boire c’est vivre pour le plaisir de l’esprit aussi, et bien boire c’est bien vivre.


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